Dis-moi quels ministres tu recrutes, je te dirai quel président tu es

Publié le par Verdi

A quoi reconnaît-on un grand dirigeant politique ? Bien souvent à la qualité de ses collaborateurs, au premier rang desquels les ministres ! S’il devait être établi un classement des meilleurs présidents de la République, en fonction de ce critère, une évidence apparaîtrait : les deux derniers, Sarkozy et Hollande, n’ont pas brillé dans leur fonction.

Certes, ce n’est pas la cause fondamentale de leurs échecs respectifs à la tête de l’Etat. La politique suivie, leur faible envergure, leur absence de vision à long terme et leur manque de hauteur de vue, expliquent, pour une grande part, le peu de considération manifestée à leur égard par les Français.

Un désamour persistant pour les deux, au point que beaucoup d’électeurs enragent à l’idée d’un nouveau duel, aux allures revanchardes, entre deux coquelets, inconscients du rejet qu’ils suscitent et, manifestement, dépassés par les enjeux pour leur pays et les attentes des habitants.

Les non-conformistes : de Malraux à Simone Veil, en passant par Françoise Giroud

Un homme comme De Gaulle plaçait toujours l’intérêt de la France en tête de ses pensées. Il choisissait ses ministres avec soin, bien sûr en fonction de leurs orientations politiques, également de leur loyauté et de leur compétence. Mais aussi, - André Malraux, immense ministre de la Culture (de 1959 à 1969), en est l’exemple le plus éloquent- en fonction du rayonnement qu’ils contribueraient à donner au pays, grâce à leur charisme et leur amplitude intellectuelle et culturelle.

Un homme, comme Giscard d’Estaing, au-delà d’une image, un peu surfaite, d’aristocrate éloigné des préoccupations du peuple, avait une vision assez fine de son époque et une indéniable ouverture d’esprit. Plutôt que de s’enfermer dans un conservatisme, qui seyait à son camp, il s’est montré étonnement non-conformiste.

Giscard n’a pas hésité à nommer secrétaire d’Etat à la Culture (1976) la journaliste Françoise Giroud (co-fondatrice de l’Express), connue pour sa liberté de ton dans la presse, et surtout Simone Weil, ministre de la Santé (1974), auteure de la loi légalisant l’avortement. L’homme ne craignait donc pas la concurrence de fortes personnalités, dès lors qu’elles apportaient un certain éclat à son mandat.

Les flamboyants : Lang et Villepin

Au-delà de sa mission politique, François Mitterrand a manifesté la même exaltation que De Gaulle à faire de la France un phare de la culture. Jack Lang, dans la ligne de Malraux, a relevé ce défit ( de 1981 à 1993), corrigeant en bien le souvenir de deux septennats quelque peu controversés.

Chirac n’aura pas le même génie, excepté le sien propre, en construisant le musée des Arts Premiers, quai Branly (2006). Un contexte politique à droite à couteaux tirés, semé de trahisons sanglantes (Balladur) et le retour de Sarkozy, l’ont probablement engoncé dans d’incessants calculs politiciens qui l’ont distrait de desseins étincelants pour la réputation de la France. 

Aucune nomination d’un ministre hors norme, susceptible d’éclairer ses mandats d’une note particulière, à l’exception de Dominique de Villepin, dans le registre des affaires étrangères. Il serait en effet injuste de ne pas souligner la qualité de son intervention, en 2003, aux Nations Unies, pour refuser, non sans panache, au nom de la France, la guerre insensée de Bush, l’Etatsunien, contre l’Irak.

Les fâcheux : de Dati à Cahuzac, en passant par Estrosi

Sarkozy, c’est radicalement l’inverse de De Gaulle et même de Giscard. Il ne gouverne pas la France pour l’intérêt des Français, mais pour son propre intérêt. C’est un égotique obsédé par sa gloire et l’argent qu’il en tirera. Il recrute des ministres à son image, jouant sur leur cupidité et leur soif de pouvoir et de reconnaissance.

Ce sont les Morano, Estrosi, Hortefeux, Gueant. Ce sont également des personnes, comme lui, à l’ego hypertrophié, des arrivistes prêt(e)s à tout pour atteindre le Graal, ce fameux maroquin de la république qui vous classe à vie parmi le gotha politique. Rachida Dati en est le plus parfait exemple, avec Rama Yade.

Quant à Hollande, il a montré une incompétence déconcertante à recruter les bonnes personnes, obnubilé qu’il est par les seules apparences et le souci d’équilibres politiciens. L’exemple le plus caricatural, et le plus cruel aussi (pour lui), est sans nul doute la nomination de Jérôme Cahuzac (2012), le champion de l’évasion fiscale, comme ministre du Budget.

Le vaudevillesque : la nomination de Macron

Mais aussi, contre toute logique, la nomination du sarkozyste Valls au poste de Premier ministre (2014), alors qu’il ne représentait pas plus de 5% au Parti Socialiste.

Enfin, la plus vaudevillesque des nominations fut celle d’Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaires chez Rothschild, ministre de l’Economie (2014), alors que Hollande avait juré de faire la peau à la finance.

Dis-moi qui tu nommeras ministres après le joli mois de mai 2017, je te dirai…

 

Verdi

Samedi 8 octobre 2016

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